Compagnie Nationale de danse d’Espagne : une nouvelle Carmen

di Ophelie Lounget
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Une salle très chaleureuse a accueilli, le 29 novembre, au Palais des Festivals de Cannes, la première de Carmen par la Compagnie Nationale de danse d’Espagne.

Fondé en 1979, la compagnie a fortement été marquée par les vingt années de direction de Nacho Duato, qui a réussi à la doter d’un prestige international basé sur ses propres chorégraphies. Parti avec ses œuvres, José Carlos Martinez, étoile du Ballet de l’Opéra de Paris, doit reconstruire tout un répertoire. La Compagnie entreprend un nouveau voyage qui la ramène à la tradition, à la danse classique et s’enrichit de propositions de jeunes chorégraphes. 

Le directeur fait appel à Johan Inger, chorégraphe suédois, pour relever le défi de s’attaquer au mythe de Carmen, défi sans doute gagné, comme le grand succès de publique obtenu a tout de suite clairement montré.

Dans une version extrêmement actuelle et libre Johan Inger a choisi de dévoiler son héroïne à travers les yeux d’un enfant ; dans ce personnage il y a un certain mystère car il pourrait s’agir de n’importe quel enfant : Don José enfant, la jeune Micaëla, de nous-même ou d’une expérience violente, même brève, qui aurait une influence négative dans nos vies et dans notre incapacité à nous lier aux autres. 

Même l’ambiance n’est pas bien défini : Séville est un endroit quelconque, l’usine est n’importe quelle usine et les montagnes de Ronda ressemblent à des banlieues défavorisées. Les militaires se rapprocheraient d’une autre forme de pouvoir, comme des cadres supérieurs, et le torero serait plus proche d’une star de rock, mais Carmen reste une femme libre, courageuse et contemporaine.  

La première partie est dansée avec une énergie sans relâche e met sur scène des femmes indépendantes et des hommes fiers, avec un ton juste, simple, pas surchargé de mouvements en trop, dans un enchaînement d’entrées et de sorties. La deuxième partie est plus noire et introspective, elle relate ce qui se passe dans la tête de Don José, entouré d’ombres et de démons. 

La musique de Bizet et Shchredin est enrichie par la composition musicale originale de Marc Alvarez et joue un rôle fondamental dans la création d’une atmosphère particulière, parfois sombre et mystérieuse à couper le souffle.

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