Sous la direction artistique de Brigitte Lefèvre, ancienne directrice de l’Opéra de Paris, ce festival a été un grand succès, tant par la qualité des compagnies invitées que par un public venu nombreux.
Le 28 novembre, au Palais des Festivals de Cannes, le Ballet de l’Opéra de Lyon, dirigé par Yorgos Loukos, a présenté une soirée consacrée à un maître de la chorégraphie d’aujourd’hui, Jirí Kylián, et a interprété ses pièces avec élégance et une belle homogénéité.
La première pièce, Bella Figura (1995) est un des joyaux de l’histoire de la danse, une bouleversante liturgie donnant à voir la magie de l’illusion théatrale qui fusionne irréel et vérité, au point qu’on ne pourrait pas dire vraiment où commence la représentation. Théatre dans le théatre, les êtres de chairs et de sang se mêlent, s’entremêlent, dans des duos, trios, dans différentes figures de l’amour, de l’attraction à la possession, de la domination au partage réconcilié. Des gestes ciselés, rapides, intenses, d’une pureté, d’une sensualité et d’une insolente liberté qui fait toute la beauté de cette pièce. Une ode à la vie.
Heart’s Labyrinth (1984) est une pièce sombre, inspirée par le suicide d’une des danseuses du Nederlands Dans Theater. C’est donc une danse pleine de douleurs, d’émotions, de torsions où le chagrin devient un espace infini, que seule peuple l’absence. Ce labyrinthe du cœur explore « la chaîne sans fin des sentiments humains, les nuances subtiles de leur agencement et leur infinies combinaisons ».
27’52 (2002) est une partition spécialement composée par Dirk Haubrich, un opus plus moderne. Kylián use d’effets quasi cinématographiques avec des ralentis sur la gestuelle comme découpés dans le cadre de scène, joue des ombres des danseurs ou d’un rideau de scène. On retrouve les thèmes de prédilection du chorégraphe – la difficulté du couple alliée à une certaine forme d’ « ultra moderne solitude »- ainsi que ce geste juste, sensuel, qui est sa signature.